Sécurité dans les établissements scolaires : attention aux rumeurs…

Des parents et élus ont interpellé l’UCL sur des courriels qu’ils ont reçus d’une mère d’élève montreuilloise alarmée par le manque de policiers et militaires devant nos écoles de Montreuil. Dans ces courriers, proches de l’ultimatum, l’auteure, au nom des parents et enseignants montreuillois mobilisés soit disant en masse, somme le maire de déployer des policiers devant les établissements scolaires avant le 9 novembre: « Les enseignants et parents montreuillois tireront les conséquences nécessaires de votre action ou inaction en début de semaine prochaine. »

Levons d’abord un malentendu possible: ces courriers sont signés au nom des parents et enseignants montreuillois. La formulation est pour le moins excessive. Il semble que ce courrier n’engage que son auteur, et peut-être une poignée d’autres parents, mais il n’est le fruit ni de concertations avec tous les parents montreuillois, ni avec des associations de parents de la ville, ni d’ailleurs dans l’établissement identifié de l’enfant de l’auteure. 

Dans ces courriers, l’auteure réclame plus de forces de l’ordre et de militaires de la part du maire. C’est au préfet qu’il faudrait demander de tels renforts. Le maire n’y peut rien.
Si l’auteure peut trouver les dispositifs mis en place insuffisants, il est erroné de les affirmer inexistants. Non, les portes des écoles de Montreuil ne sont pas grandes ouvertes et laissées sans surveillance. 

Cependant, si la revendication de parler au nom de tous est abusive et que la demande n’est pas adressée à la bonne personne, il faut tout de même parler du fond : depuis plusieurs années, les établissements scolaires sont devenus des cibles potentielles d’actes terroristes. L’actualité est venue cruellement nous le rappeler. Ce constat est glaçant. Il a de quoi désemparer les parents.Mais l’on ne peut pas sérieusement, comme dans ces messages, demander des policiers devant et à proximité de tous les établissements scolaires pour solder tout risque d’attentat.

En premier lieu, parce que ce dispositif serait inopérant. On l’a vu, hélas, lors d’attentats précédents : un ou deux policiers, même derrière une porte blindée, ne peuvent pas arrêter une opération terroriste se déroulant par surprise. Il faudrait, pour totalement sécuriser les écoles, un dispositif sécuritaire très lourd incompatible avec un établissement accueillant du publique. Imagine-t-on des rues barrées, des sacs de sable et des blindés devant les portes, des tourelles, des miradors, des chicanes et des check points ? Sérieusement ?

Plus encore : la lutte contre le terrorisme passe par des dispositifs complexes de surveillance et d’analyse, et la présence de policiers devant les établissements scolaires, si elle était inefficace, nous semble, en plus, particulièrement négative pour les élèves. Ces derniers ne peuvent pas grandir sereinement à l’ombre des Famas et des baïonnettes. Imagine-t-on, les dégâts pour des enfants, déjà alertés sur les risques de transmission d’une maladie parfois mortelle à leur entourage – quel fardeau psychologique- , à qui on rappellerait, à l’entrée et à la sortie des écoles, qu’un risque de bain de sang terroriste plane au dessus de leur tête ?

Enfin, depuis plusieurs années, les rapports entre notre jeunesse et la police ont pu être particulièrement tendus. Ils ne s’apaiseront certainement pas si l’on déguise les abords des écoles en prisons.

Bien entendu, il ne s’agit pas de nier l’inquiétude des parents dans le contexte actuel.
Mais l’UCL FCPE MONTREUIL souhaite faire cesser de telles rumeurs concernant la sécurité dans nos écoles, collèges et lycées et éviter d’inquiéter outre mesure les familles montreuilloises, et eu égard à la vigilance de leur chef d’établissement et des enseignants qui protègent nos enfants.
Rappelons qu’il convient aussi pour les parents et les enfants de respecter les règles de sécurité que les écoles leur transmettent depuis plusieurs années pour répondre à la menace terroriste : ne pas se regrouper plus que nécessaire devant les établissements (ni en sortant de cours, ni en déposant ou récupérant ses enfants), ne pas se garer devant les écoles et respecter les règles de sécurité des écoles. Enfin, être à l’écoute des interrogations et inquiétudes que les évènements récents ont pu faire apparaître chez nos enfants.