À Paris, les élèves et leurs parents doivent s’engager, sous la menace de ne pas pouvoir passer les épreuves du Bac, à ne pas perturber les prochaines épreuves de contrôle continu ; à Montreuil, ils doivent justifier leurs absences au risque de sanction.
Ce que l’on apprend ici est une nouvelle valeur de l’école publique, voire de la République : la docilité. Elle n’est pas encore inscrite sur le fronton de nos mairies et dans la devise nationale, mais elle s’impose à tous.
C’est dans les lycées Hélène Boucher, Ravel et Turgot à Paris qu’il faudrait désormais un engagement de l’élève de ne pas perturber les épreuves afin de recevoir sa convocation ou d’être noté*. Au Lycée Jean Jaurès de Montreuil, on demande aux parents de justifier l’absence de l’élève à des épreuves E3C … qui n’ont pas eu lieu, le recteur les a lui-même reportées alors qu’un blocus lycéen était en cours.
Être docile ou promettre de l’être, voilà ce qui permettra à nos enfants le droit de composer et d’être noté.
Ne jamais manifester son mécontentement. Ne pas bloquer. Ne pas faire d’obstruction. Ne pas dire de gros mots.
Voilà les règles pour une bonne note en docilité. Attention, la notation commence au CP et vous suit jusqu’à ParcourSup. Soyez docile ou soyez mal orienté.
L’école de la république – notre école – pourrait être un sanctuaire sans ces pratiques d’intimidation et de répression. Faut-il parier que les adultes qui ont choisi de rejoindre l’Éducation Nationale, l’ont fait avec la volonté de participer activement à la formation de citoyens émancipés ? Ou craindre que, pris en défaut par leur hiérarchie de ne pas avoir réussi à assurer le déroulement normal des épreuves, ils redoublent d’inventivité dans l’intimidation ?
Appeler la police et les équipes mobiles de sécurité pour casser le blocus lycéen n’aura pas suffit à Condorcet à Montreuil. Les épreuves ne pouvant se dérouler à l’heure dite, elles sont déplacées sans aucun respect des règles de convocation. C’en est trop pour certains élèves, qui trouvent des moyens de faire échouer ce nouveau projet. Deux élèves seront convoqués en conseil de discipline et risquent l’exclusion. La criminalisation de la lutte est insupportable et émousse encore l’institution et ses représentants.
Nous ne laisserons pas faire, nous ne laisserons pas l’école punir nos enfants qui se battent comme nous, avec leurs moyens, contre des réformes iniques et injustes. Nous maintiendrons notre ambition de faire de nos enfants des citoyens conscients, responsables et solidaires.
L’UCL FCPE de Montreuil