Conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 26 janvier 2017

Vœu commun présenté par le Sgen-CFDT, la Fep-CFDT, l’UNSA-Education et ses syndicats, la FCPE, la JPA, la Ligue de l’enseignement, l’UNEF, la FAGE, le SNPTES, l’UNEF, le SGL.


Nos organisations saisissent l’occasion de cette première réunion d’une année électorale essentielle pour réaffirmer leur conception de ce que doit être une politique éducative ambitieuse :

  • une politique éducative ambitieuse ne peut évidemment être pilotée ni par des logiques de réduction budgétaire et de gestion au jour le jour, ni par la nostalgie d’un âge d’or aussi élitiste que mythique, mais par une vision prospective ancrée dans les réalités sociales et les enjeux du siècle. Pour répondre aux défis de la révolution numérique, à celui de la transition écologique, à des enjeux économiques et sociaux mondialisés sources de tensions et de replis, et à un questionnement légitime du fonctionnement de la démocratie, la France a besoin, en réaffirmant les valeurs républicaines qui la fondent, de consolider son école, l’École du XXIe siècle. Cela demande de la créativité, de l’ambition et de multiples investissements.
  • une politique éducative ambitieuse est possible à condition de mobiliser par un dialogue national et territorial tous les acteurs concernés : l’État, dans l’exercice de l’ensemble de ses missions éducatives coordonnées au sein d’un pôle interministériel éducatif, les collectivités territoriales, le monde associatif, l’ensemble de la communauté éducative… La participation des parents est indispensable et passe par leur implication dans tous les espaces de discussion et de décision. La parole des élèves doit aussi être entendue car ils ont leur mot à dire sur les questions éducatives qui les concernent en premier lieu. L’élaboration de projets partagés s’appuyant sur des partenariats et le principe de coéducation sont nécessaires pour répondre aux enjeux des politiques éducatives territoriales (incluant les PEDT), à l’ouverture culturelle et sociale que procurent les nouveaux temps organisés dans la logique de la réforme des temps scolaires ou de la transformation numérique.
  • une politique éducative ambitieuse doit se donner les moyens de faire réussir tous les élèves, tous les enfants, tous les jeunes et de réduire les inégalités qui minent notre système éducatif. Ne nous y trompons pas, les écarts de réussite nuisent à tous les élèves, et pas seulement à ceux qui échouent. La Refondation avait fixé cet objectif. Le socle commun de compétences, de connaissances et de culture, les nouveaux cycles, la priorité au primaire, le dispositif plus de maîtres que de classes, la refondation de l’éducation prioritaire et la réforme du collège sont allés dans ce sens. Mais l’ensemble reste à inscrire dans la durée pour le consolider et d’autres réformes sont encore nécessaires. L’échéance n’est donc pas la seule rentrée scolaire 2017. Il faudra aussi faire du lycée la première partie d’un continuum bac -3 bac+3 qui, après le temps de la scolarité commune, enrichisse le parcours des élèves en s’appuyant sur les projets de chacun, une pédagogie différenciée qui doit ambitionner l’accès aux études supérieures au plus grand nombre jusqu’à l’insertion sociale, professionnelle.
  • une politique éducative ambitieuse doit en effet s’inscrire dans le temps long pour aboutir. Le temps du développement d’une politique éducative n’est pas celui d’une mandature présidentielle. S’approprier la logique et le contenu des nouveaux programmes, la nouvelle organisation notamment du collège qui en découle nécessite du temps. Faire accepter les différences et leur richesse, dans une école inclusive et bienveillante pour tous les élèves, quelles que soient les particularités de leurs besoins éducatifs (moyens en personnels sociaux et de santé, besoin d’accompagnants, de partenariats), doit être un combat de tous les jours porté par l’ensemble de l’institution et la communauté éducative. La construction de dynamiques rassemblant l’ensemble des acteurs éducatifs dans des politiques publiques émancipatrices et innovantes au plus près des réalités singulières des territoires doivent s’inscrire dans la durée.
  • enfin, une politique éducative ambitieuse doit prendre en compte et valoriser tous les personnels, enseignants et non-enseignants, qui la mettent en œuvre dans l’ensemble du système éducatif, scolaire et hors scolaire.
    Le rétablissement d’une véritable formation initiale des enseignants-es dans le cadre des ESPE, composantes des universités, a été une étape importante. Enseigner est en effet un métier, quelle que soit la voie de formation qui doit s’enrichir, se dépasser, se projeter, se perfectionner tout au long d’une vie d’enseignement. C’est bien en diversifiant et en enrichissant ses pratiques pédagogiques que l’on contribue à la réussite de tous les élèves. La question de la relation aux parents doit être intégrée à la formation des enseignants, pour rendre effective la coéducation. Il est également indispensable d’investir dans une formation continuée et continue en lien avec la recherche pour tous les professionnels de l’Éducation.

La reconnaissance, la valorisation et la pérennisation du rôle et des missions de tous les personnels éducatifs est une exigence afin de garantir une politique publique d’Éducation ambitieuse et de qualité. Elle doit être réalisée au sein de chacun des départements ministériels contribuant à la mission éducatrice de l’État.
L’expertise des équipes et leur autonomie doivent être reconnues à travers des modalités d’évaluation renouvelées et en renforçant un dialogue social de qualité à tous les échelons de l’institution.
L’investissement de tous les agents publics doit également être reconnu financièrement : le protocole Parcours professionnels, carrières et rémunérations (PPCR) est à ce titre un cadre de revalorisation qui doit être pérennisé.